Login

Le tritordeum, bientôt une réalité commerciale

Le Tritordeum, est la deuxième espèce de céréale créée par l'homme, après le triticale. R. FOURREAUX

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Cela fait au moins cent ans qu'on n'avait pas vu une nouvelle espèce de céréale arriver sur le marché français », se félicite Etienne Vassiliadis, responsable commercial d'Agrasys. L'entreprise espagnole qui détient les droits exclusifs de commercialisation de cette nouvelle céréale, le Tritordeum, est venue la présenter à Paris, aux 66e JTIC (Journées techniques de la meunerie et des industries céréalières). Et en aurait presque volé la vedette. Pour cause, le Tritordeum vise à devenir « la nouvelle alternative pour la filière céréalière ». Rien que ça...

Issu d'un croisement entre blé dur et orge sauvage, « sans modifications génétiques », le Tritordeum, est la deuxième céréale créée par l'homme, après le triticale. C'est même la première en ce qui concerne la consommation humaine. En effet, elle possède des teneurs élevées en fibres, en acide oléique et jusqu'à dix fois plus de lutéine, un antioxydant bénéfique à la santé oculaire, que le blé. « Bien qu'il ne convient pas pour les patients atteints de la maladie coeliaque, précise-t-on chez Agrasys, il pourrait être une bonne alternative pour les hypersensibles au gluten non coeliaques. » Le process de panification nécessite néanmoins des conditions adaptées. Cette nouvelle espèce, dont deux variétés (Aucan et Bulel) sont enregistrées au niveau européen, « se distingue au niveau agronomique par sa robustesse, sa bonne tolérance aux agents pathogènes et ses besoins réduits en eau et en fertilisants ». Elle est aussi « compétitive avec le blé dur dans les zones de culture à faible rendement », même si l'entreprise envisage de sélectionner de nouvelles variétés plus adaptées aux conditions climatiques françaises. Déjà 1 300 ha sont cultivés en Espagne et en Italie, dont 10 % en bio. Carrefour en Espagne vend même un pain à base de Tritordeum.

Agri Obtentions, qui espère pouvoir démarrer les premiers semis à l'automne 2016, sera en charge de la multiplication et de la vente des semences en France ainsi que de l'organisation de la production, au travers de licences de production et/ou de vente. Car « il y aura un rachat des grains sous contrats de production, avec des prix fixes toute l'année du grain et de la farine, explique Etienne Vassiliadis. On veut une traçabilité totale ». En attendant, Agrasys peut déjà approvisionner le marché français à partir de farine espagnole. Et « on espère bien disposer dès 2016 de moulins qui transformeront des grains espagnols, ajoute Lucile Gauchet, responsable du développement en France. Agrasys, en recherche de partenariats, a déjà délivré une licence au Moulin de Colagne (Lozère) mais pas encore à des coopératives et négoces.

Renaud Fourreaux

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement